Anthropoème

Chacun met le pied où il le veut
pour entrer dans la danse
arbre à fruits faisant
ou arbre à bois faisant
qu’importe
les mains caressent les siècles
devinent les révolutions sous les étoffes chamoirées
les cheveux peignent le paysage
les yeux n’y voient guère
et la musique tisse ses toiles
des mots qu’on n’a pas dit
en fleurs de silence
poursuivent leurs errances mystiques
et puis on a faim
et puis on a soif
c’est le matin qui s’impatiente dans les orteils
mais on n’entend plus rien
méandre muet de couleurs mouvantes
on croirait sentir la grande rivière lactée
recouvrir son ventre
sables célestes des ailes de papillons
tantôt de jour, tantôt de nuit
quoi de plus prévisible qu’un bleu
les griffures dans le dos, les ongles cassés
jusqu’à la chair de poule qui remonte le long des cuisses
hérissant les poils de la nuit

la danse inlassable
trame les vertèbres universelles
et par ce mouvement c’est la peau du monde qui perdure