Ne pas faire comme, mais être comme ...
« Ne pas faire comme, mais être comme »
Lorsque je m’arrête devant un paysage pour dessiner, c’est qu’il existe une résonance profonde, intime, entre sujet et objet. Je dois alors abandonner toutes mes préoccupations et être le plus réceptif possible pour retrouver l’émotion première qui a fait que j’ai choisi cet endroit précis.
« Ne pas faire comme, mais être comme », disaient les maîtres chinois de la peinture.
Ce que Picasso a repris en disant « il ne s’agit pas d’imiter la nature mais de travailler comme elle » *
« Nous ne sommes qu’influences »
Parmi les peintres que j’aime, je ne citerai que Picasso et Matisse, leur puissance est un fort courant dans lequel je me laisse volontiers entraîner. En règle générale, les artistes que j’aime sont ceux qui me donnent envie de peindre. Pour cette raison, je me considère comme un catalyseur d’influences que je tiens à exprimer le plus librement possible.
Il m’est impossible de dire que telle ou telle chose m’est propre. Plus je laisse agir en moi ces courants, plus je me sens libre. Je ne m’attache pas à cultiver un style, bien au contraire.
Mon cheminement me pousse à rechercher toujours plus de souplesse dans l’expression. Pour cette raison, être le plus perméable possible aux influences est nécessaire : les moins marquantes ne font que passer, les plus marquantes, plus fortes, demandent du temps pour être assimilées. Ainsi nourri, les domaines de liberté s’étendent. On devient plus léger, plus sensible.
« Il est facile de faire une peinture qui ressemble à celle des anciens ; ce qui est difficile c’est de peindre de manière telle que ce soit la peinture des anciens qui ressemble à la nôtre »
(propos sur la peinture, Shitao, Herman éditions . commentaires du chapitre III, page 41)
Le désir de réussir altère souvent le résultat.
Pour y remédier, je répète des thèmes où je peux spontanément m’exprimer (souvent sur papiers aux formats identiques). Paradoxalement, par l’acquisition d’un geste répété, surgit l’inattendu.